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23 janvier 2020: "Une justice particulière pour les pauvres?"

23 janvier 2020:

Soutenance de la thèse de Cesare Saluzzo (LIER-FYT) intitulée "Misérables et chemineaux. Contrôle du territoire et affaires criminelles dans la Vénétie autrichienne et napoléonienne (1805-1862)".

 

 

105 boulevard Raspail - Salle 8 - Jeudi 23 janvier 2020 - 9h-13h.

Membres du jury: Paolo Napoli (LIER-FYT, directeur de la thèse) - Anna Bellavitis (Université de Rouen) - Simona Cerutti (EHESS) - Jean-François Chauvard (Université Lumière Lyon 2) - Vincent Denis (Université Paris 1)

Résumé: De prime abord, misérables et chemineaux apparaissent comme des figures propres à toute société. Quelles que soient les caractéristiques du régime politique, ils semblent exiger le même genre d’attitude et de mesures, de sorte que les critères normatifs réglementaires peuvent paraître relativement invariants. La question est alors de savoir si certaines situations d’incertitude ou de doute relatives au statut juridique des personnes indigentes sont ou non indépendantes de leur qualification administrative et par là, du type d’ordre social ou de régime en vigueur. Cette recherche examine ainsi le poids de certaines catégories administratives dans deux formes de justice pour les pauvres, en lien avec la construction d’affaires pénales et politiques, dans le contexte de l’apparition des circonscriptions administratives de la Vénétie napoléonienne. Les réactions face aux manifestations de pauvreté sont marquées surtout et avant tout du sceau d’une certaine prudence, plutôt que de celui de la solidarité et des secours. C’est là le signe d’une attitude spécifique réservée à la conduite des indigents. L’analyse de l’expérience en contexte local nous permet de reconstituer la signification pratique de chaque situation, en termes juridiques ou sociaux. On cherche par là à démontrer comment des catégories conceptuelles sont largement utilisées dans des schémas de discours qui se situent à un niveau plus élevé de généralisation. L’objectif est également de comprendre comment ces catégories influent sur les processus de construction identitaire, non seulement en attribuant à chaque personne un rôle avec différents droits, obligations et pouvoirs, mais en soulignant également cette condition à chaque instant de la vie. Il s’agit enfin de tracer un profil juridique et social des misérables et des chemineaux, à partir de l’exploration de la documentation produite par l’administration de certains centres de pouvoir au début du XIXe siècle. L’objectif est ainsi de comprendre comment certaines catégories réapparaissent de manière systématique dans le droit codifié ou étatique et de quelle manière ces dernières sont employées dans l’administration.

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Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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