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29 novembre 2019: "Collaboration with the Securitate in Communist Romania"

29 novembre 2019:

Soutenance de la thèse de Cristina Plamadeala (LIER-FYT & université de Concordia) intitulée "Methods and motivations behind the collaboration and resistance of secret informers with the Securitate in Communist Romania (1965‐1989)"

 

54 boulevard Raspail. salle A751 - vendredi 29 novembre 2019 - 16h-20h.

Membres du jury: Pierre-Henri Castel (LIER-FYT, co-directeur de la thèse) - Lucian Turcescu (Concordia University, co-directeur de la thèse) - Elena Razlogova (Concordia University) - Josee Leclerc (Concordia University) - Josip Novakovich (Concordia University) - Frédéric Brahami (CESPRA) - Monica Heintz (Université de Paris-Nanterre) - Cristian Tileaga (Loughborough University).

Résumé: Les travaux de recherche pour la présente thèse s’appuient en grande partie sur les dossiers de la Securitate, conservés au Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate, à Bucarest et à Popesti-Leordeni, en Roumanie. Ces travaux visent à expliquer les divers mécanismes de terreur mis en œuvre par la Securitate, la police secrète roumaine sous l’ère communiste, dans le but de recruter parmi la population des personnes pour alimenter son réseau de surveillance. Bien qu’examinant l’ensemble de la période communiste en Roumanie, la thèse se penche en particulier sur les deux dernières décennies du régime, durant le règne de Nicolae Ceauşescu, de 1965 à 1989, et introduit comme outils d’étude les notions de psuchegraphy et de dossierveillance, deux néologismes pour désigner les méthodes coercitives appliquées par la Securitate dans le but d’enrôler des informateurs et de s’assurer de leur collaboration. Le concept de psuchegraphy recouvre la collecte de données biographiques, permettant de consigner dans les dossiers de la Securitate suffisamment d’indices sur la personnalité, le caractère et les convictions profondes de personnes ciblées afin de cerner leurs points vulnérables et les forcer ensuite à collaborer. Les présentes recherches démontrent que ce type d’analyse servait en quelque sorte de prélude au recrutement des membres du réseau de surveillance de la Securitate. Le concept dit de dossierveillance met en lumière le rôle de la technologie et de la documentation lié aux pratiques de surveillance pour le recrutement des informateurs et l’instauration d’un climat de terreur pour assurer le contrôle des populations. La composante dossier dans dossierveillance, amplement expliquée dans ces pages comme la technologie employée par la Securitate dans l’exercice de la surveillance de personnes ciblées, fut l’un des outils « disciplinaires » (Foucault 1975) les plus efficaces pour entretenir la crainte et de suspicion. Ces travaux présentent également les conséquences de l’application de tels mécanismes sur une nation, un phénomène appelé ici banalisation du mal, d’après le concept de la banalité du mal avancé par Hannah Arendt. Enfin, ce travail permet de revisiter le sujet de la lustration et de la justice transitionnelle, et d’examiner comment les nouvelles avancées universitaires énoncées dans ses pages peuvent contribuer à mieux comprendre et traiter le sujet de la collaboration en Roumanie dans un contexte postcommuniste.

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Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
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