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28 novembre 2018: "Une sociologie du photojournalisme"

28 novembre 2018:

Soutenance de la thèse de Valentina Grossi (LIER) intitulée "L'image négociée. Une sociologie des professions du photojournalisme à l'ère numérique"

96 boulevard Raspail. Salle D. & M. Lombard. EHESS - 28 novembre 2018 - 14h-18h

 

Membres du jury: Florent Champy (DR CNRS à l'université de Toulouse Jean Jaurès) - Eric Lagneau (docteur en science politique, journaliste à l'AFP) - Cyril Lemieux (DE à l'EHESS, directeur de la thèse) - Cécile Meadel (PR à l'université Paris 2) - Gwenaële Rot (PR à Sciences Po Paris) - Philippe Steiner (PR à l'université Paris-Sorbonne).


Résumé : Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que les professions du photojournalisme sont entrées ces dernières décennies dans une crise profonde, due à la concurrence accrue avec les banques d’images et avec les amateurs. On constate cependant que de nombreuses structures continuent à prendre en charge la fabrication des images d’actualité de manière spécialisée, tout en défendant l’importance de mettre en œuvre, face à ces objets, une attitude qualifiée de «professionnelle». Comment certains acteurs peuvent-ils revendiquer avec succès la «licence» de produire ces artefacts et la possibilité de définir de manière autonome leur propre «mandat», à l’heure où le monopole sur ce type de production semble avoir perdu son évidence ? 

La réponse à cette question est cherchée à travers une double enquête, historique puis ethnographique. La seconde a été menée dans trois rédactions françaises : le service photo d’une agence de presse mondiale, la rédaction print d’un quotidien national et la rédaction web d’un news magazine. L’enquête a conduit à mettre en lumière que la forte division du travail dans les entreprises de presse n’est pas antinomique avec l’exercice, de la part des acteurs, d’une autonomie professionnelle, entendue comme la capacité à mettre en œuvre des arbitrages complexes tout en menant une réflexion sur les finalités mêmes de leur activité. La virtuosité des professionnels du photojournalisme consiste à faire tenir ensemble des contraintes hétérogènes et parfois incompatibles, que nous avons nommées la contrainte informative, esthétique et commerciale. Ces dernières se renforcent et se réactualisent à partir des interactions entre les acteurs qui composent les différents segments professionnels et lors des contacts de ces mêmes acteurs avec des groupes extérieurs aux entreprises de presse (ie. les sources et le public). 

L’autonomie est donc le résultat d’une organisation du travail sui generis qui permet aux professionnels de développer une morale spécifique articulée à celle de groupements voisins ainsi que l’«intelligence» de leur activité. Mais des tendances à la « déprofessionnalisation » sont également repérables : l’autonomie des acteurs peut être mise à mal à l’intérieur de dispositifs de production qui tendent à individualiser le travail et, en même temps, à réduire la multidimensionnalité de l’évaluation. Cette thèse entend ainsi contribuer aux réflexions actuelles sur l’impact des technologies numériques et des nouvelles formes d’organisation du travail sur l’autonomie professionnelle.

Mots-clés : photojournalisme ; biens culturels ; évaluation ; autonomie professionnelle ; division du travail ; ethnographie.

En savoir plus sur Valentina Grossi.

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Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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