Les dossiers du LIER-FYT |

08. Sur les professionnels du soin et de la solidarité

Avec le développement des Etats-Providence, les métiers liés au soin et à la relation d’assistance se sont considérablement multipliés, spécialisés et codifiés. Dans les démocraties occidentales, les agents qui œuvrent dans de tels métiers ont en grande partie fondé leur mandat professionnel sur leur capacité à traiter en tant que "personnes" les individus appartenant aux populations, de plus en plus nombreuses et diversifiées, qu’il s’agit de soigner ou d’aider. Dans quelle mesure cette exigence d’humanité et de respect de l’autonomie individuelle, dont tout indique qu’elle s’accroît aujourd’hui, entre-t-elle en contradiction avec les "politiques d’économisation" de l’Etat-Providence contemporain et la managérialisation des professions en question ? Dans quelle mesure, au contraire, les conforte-t-elle? Et en quoi la tension entre exigence de traitement en personne et gestion économique de l'activité d'aide ou de soin structure-t-elle les "épreuves de professionnalité" qui affectent ces métiers, en suscitant, dans certains cas, leur malaise?

Articles et chapitres

Michel de Fornel, "Qu'est-ce qu'un expert? Connaissances procédurale et déclarative dans l'interaction médicale", Réseaux, 43, 1990, p. 59-80. Disponible ici.

Jean-Philippe Heurtin, Dominique Cardon, Olivier Martin, Anne-Sylvie Pharabod & Sabine Rozier, "Les formats de la générosité: trois explorations du Téléthon", Réseaux, 95, 1999, p. 15-105. Disponible ici.

Edouard Gardella & Julien Souloumiac, "Entretien avec Robert Castel", Tracés, n°6, 2004, p. 103-112. Disponible ici.

Edouard Gardella & Erwan Le Mener, "Les SDF victimes du 'nettoyage' des espaces publics ?", in N. Hossard & M. Jarvin, « C’est ma ville ! ». De l’appropriation et du détournement de l’espace public, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 71-81.

Edouard Gardella, Anne Laporte & Erwan Le Mener, "Entre signification et injonction. Pour un travail sur le sens du recours aux soins des sans abri", Sciences Sociales et Santé, vol. 26, n° 3, 2008, p. 35-46. Disponible ici.

Jean-Philippe Heurtin, "La préférence pour la sociabilité. Réciprocité et enthousiasme dans les mobilisations du Téléthon", Revue du MAUSS, n°32, 2008, p. 285-302. Disponible ici.

Edouard Gardella, Danel CefaÏ & Erwan Le Mener, "Enquête sur un dispositif d’urgence sociale. Les maraudes auprès des sans-abri", in F. Cantelli, M. Roca i Escoda, J. Stavo-Debauge & L.  Pattaroni, dir., Sensibilités pragmatiques. Enquêter sur l’action publique, Bruxelles, Peter Lang, 2009, p. 39-53.

Jean-Philippe Heurtin, "L'enthousiasme du Téléthon", in Christophe TraÏni, dir., Emotions... Mobilisation!, Paris, Presses de Science-Po, 2009, p. 97-117.

Michel de Fornel & Maud Verdier, "Le risque d’erreur de diagnostic médical : étude d’un thème épistémique", in C. Chauviré, A. Ogien & L. Quéré, dir., Dynamiques de l’erreur, Paris, Éditions de l’EHESS, coll. "Raisons Pratiques", 2009, p. 39-81.

Edouard Gardella, "Au rythme de l’accompagnement. L’expérience éthique du travail de rue dans l’urgence sociale", in C. Felix & J. Tardif, dir., Actes éducatifs et de soins, entre éthique et gouvernance, Actes du colloque international, 2010. Disponible ici.

Edouard Gardella & Erwan Le Mener, "'On n'est pas là pour sauver le monde'. La maraude d'urgence sociale à la lumière du refus d'hébergement", in D. Cefaï, M. Berger & C. Gayet-Viaud, dir., Du civil au politique. Ethnographies du vivre-ensemble, Bruxelles, Peter Lang, 2011, p. 77-100.

Michel de Fornel & Maud Verdier, "'Il peut avoir mal quand même'. Réalité mentale de la douleur et incertitude épistémique", in B. Ambroise & C. Chauviré, dir., Le mental et le social, Paris, Éditions de l’EHESS, coll. "Raisons Pratiques", 2013, p. 262-293.

Edouard Gardella, "L’urgence comme chronopolitique. Le cas de l’hébergement des sans-abri", Temporalités, n° 19, 2014. Disponible ici.

Edouard Gardella, "Secourir les sans-abri en détresse. La norme d’inconditionnalité dans l’urgence sociale", in A. Brodiez-Dolino, B. Eyraud, Ch. Laval, B. Ravon & I. von Bueltzingsloewen, dir., Vulnérabilités sanitaires et sociales, Rennes, PUR, 2014, p. 235-259.

Michel de Fornel & Maud Verdier, "L’épreuve de la douleur : quel accompagnement pour les enfants polyhandicapés et non parlants?", Le sujet dans la cité, n° 5, L’Harmattan, 2014, p. 99-108. Disponible ici.

Pierre Nocérino & Léa Mazé, "La construction sociale de l'autonomie dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes", Lettre de l'Observatoire des Retraites, n°22, 2015, p. 3-14. Disponible ici.

Edouard Gardella & Carolyne Grimard, "L’urgence comme rationnement temporel. Une comparaison internationale (Montréal/Paris) des habitats d’urgence", in P. Pichon, C. Girola & E. Jouve, dir., Au temps du sans-abrisme. Enquêtes de terrain et problème public, Saint-Etienne, PUSE, 2016.

Edouard Gardella, "Temporalités des services d’aide et des personnes sans-abri dans la relation d’urgence sociale : une étude du fractionnement social", Sociologie, vol. 7, n° 3, 2016. Disponible ici.

Edouard Gardella, "Accompagner sans fin. Epreuves temporelles dans les hébergements sociaux de longue durée", SociologieS, dossier "Les épreuves de professionnalité dans le travail social", 2016. Disponible ici.

Marine Jeanne Boisson, "Quand la mort contamine les bureaux : l’administration des décès", in Dominique Memmi, Gilles Raveneau & Emmanuel Taïeb, dir., Le social à l’épreuve du dégoût, Rennes, PUR, 2016, p. 57-73.

Alexandra Ortiz Caria, "Le désalignement à l’ouverture d’une séquence de désaccord en consultation Alzheimer", Cahiers de praxématique, n°67, 2016. Disponible ici.

Florence Lafine & Aurélie Lefebvre, "Nurserie carcérale : processus de socialisation et enjeux sensoriels et psychomoteurs au sein d’un quartier 'mère-enfant' pénitentiaire", Enfances & Psy, n°70, 2016, p. 109-119.

Edouard Gardella, "Sociologie de la réflexivité dans la relation d’assistance. Le cas de l’urgence sociale", Sociologie du travail, vol. 59, n° 3, 2017. Disponible ici.

Pierre Nocérino & Léa Mazé, "Analyser l’accueil des personnes âgées en institution. De l’autonomie aux transferts de responsabilité", ethnographiques.org, n°35, décembre 2017. Disponible ici. 

Alexandra Ortiz Caria, "L’interprétation des déprises en consultation, une analyse conversationnelle", Gérontologie et société, vol. 40, n°155, 2018, p. 105-122.

Alexandra Ortiz Caria, "Démêler les souvenirs du patient, une ressource diagnostique en consultation Alzheimer ?", in K. Ploog, S. Mariani-Rousset & S. Equoy-Hutin, dir., Quand la parole s’en mêle et s’emmêle. Approche pluridisciplinaire de la relation de soins, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2018, p. 265-282.

Giovanni Carletti, compte-rendu de l'ouvrage de Michel de Fornel & Maud Verdier, Aux prises avec la douleur (Editions de l’EHESS, 2014) dans Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 73, n°2, 2018, p. 516-519.

Fanny Charrasse, "Modernes parce que traditionnels? La légitimation du magnétisme en France et du chamanisme au Pérou", Politix. Revue des sciences sociales du politique, n°123, 2018, p. 87-113.

Fanny Charrasse, "Le travail de l'énergie. Une enquête sur les magnétiseurs en région parisienne", L'Homme, n°230, 2019, p. 41-70.

Edouard Gardella,  "Comprendre le refus d’hébergement d’urgence par les sans-abri", Métropolitiques.eu, 2019. Disponible ici.

François Athané, "Le bon, le juste et le pathologique. Quelles inégalités de santé sont-elles des injustices ?", Revue française d'éthique appliquée, n°7, 2019, p. 105-119.

Edouard Gardella, compte-rendu de lecture de l'ouvrage de Dominique Memmi, Gilles Raveneau & Emmanuel Taïeb (dir.), Le social à l’épreuve du dégoût (PUR, 2016), dans Sociologie du travail, vol. 61, n°2, 2019. Disponible ici.

Thomas Mattéi, compte-rendu de lecture de l'ouvrage de Laurent Bonelli & Fabien Carrié, La Fabrique de la radicalité. Une sociologie des jeunes djihadistes français (Seuil, 2018), dans Politix. Revue des sciences sociales du politique, 126, 2019, p. 226-229. Téléchargeable ci-dessous.


Livres et numéros de revue

Dominique Cardon & Jean-Philippe Heurtin, "Sciences, malades et espace public", Réseaux, vol. 17, n°95, 1999. Voir ici.

Edouard Gardella & Daniel Cefaï, L’urgence sociale en action. Une ethnographie du Samusocial de Paris, Paris, La Découverte, 2011. Voir ici.

François Athané, Pour une histoire naturelle du don, Paris, PUF, 2011. Voir ici.

Edouard Gardella & Katia Choppin, dir., Les sciences sociales et le sans-abrisme, Saint-Étienne, PUSE, 2013. Voir ici.

Michel de Fornel & Maud Verdier, Aux prises avec la douleur. Analyse conversationnelle des consultations d’analgésie, Paris, Editions de l'EHESS, coll. "Cas de figure", 2014. Voir ici.

Dominique Cardon & Jean-Philippe Heurtin, Chorégraphier la générosité. Le Téléthon, le don, la critique, Paris, Economica, 2016. Voir ici.

 

Archives vidéo

"La situation des SDF en France": intervention d'Edouard Gardella devant l'association Le Pari solidaire, novembre 2015. Voir ici.

"Les migrants sont-ils mieux traités que les SDF?":  interview d'Edouard Gardella dans l'émission "Les idées claires" sur France-Culture, en janvier 2019. Voir ici.

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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