Les dossiers du LIER-FYT |

11. Sur le durkheimisme et son actualité

Pourquoi relire aujourd’hui Durkheim et Mauss? Ces classiques vénérables appartenant à l'histoire des sciences sociales ne sont-ils pas définitivement dépassés par notre présent? A rebours de cette vision, les travaux menés au LIER-FYT proposent un retour aux textes de l’école durkheimienne qui s’inscrit dans les enjeux les plus contemporains de deux disciplines : face à ce qu’on peut appeler la "crise actuelle de la sociologie", ces textes permettent de repenser le geste sociologique dans ce qui le distingue en propre (holisme et dénaturalisation, notamment) mais aussi dans ce qui le lie socialement et politiquement aux transformations des sociétés modernes ; face à la domination en philosophie des catégories de la pensée politique moderne, ils permettent de remettre en jeu la catégorie de social dans ce qu’elle a d’initialement et de constitutivement politique.

Articles et chapitres

Bruno Karsenti, "Présentation", in Emile Durkheim, Sociologie et philosophie, Paris, PUF, coll. "Quadrige", 1996, p. 5-59.

Bruno Karsenti, "Techniques du corps et normes sociales: de Mauss à Leroi-Gourhan", Intellectica, Revue de l’Association pour la recherche cognitive, n°26-27, 1998, p. 227-240. Disponible ici.

Bruno Karsenti, "Durkheim (1858-1917) : la mesure du social", in Alain Caillé, Christian Lazzerri & Michel Senellart, dir., Histoire raisonnée de la philosophie morale et politique, Paris, La découverte, 2001, p. 622-632.

Bruno Karsenti, "Politique de la science sociale. La lecture durkheimienne de Montesquieu", Revue Montesquieu,n°6, 2002, p.33-55. Disponible ici.

Bruno Karsenti, "L’imitation. Retour sur le débat entre Durkheim et Tarde", in Christiane Chauviré et Albert Ogien, dir., La régularité, Paris, Editions de l’EHESS, coll. "Raisons pratiques", 2002, p.183-215.

Bruno Karsenti, "‘Nul n’est censé ignorer la loi’. Le droit pénal de Durkheim à Fauconnet", Archives de philosophie, vol. 67, n°4, 2004, p.557-581. Disponible ici.

Bruno Karsenti, "La sociologie à l’épreuve du pragmatisme. Réaction durkheimienne", in Bruno Karsenti & Louis Quéré, dir., La croyance et l’enquête. Aux sources du pragmatisme, Paris, Editions de l’EHESS, coll. "Raisons pratiques", 2004, p.319-349.

Michel de Fornel, "Durkheim et le naturalisme social : l’expérience de la causalité", in Michel de Fornel & Cyril Lemieux, dir., Naturalisme versus constructivisme ?, Paris, Éditions de l’EHESS, coll. "Enquête", 2007, p. 29-40.

Bruno Karsenti, "Le droit, symbole visible de la solidarité", in Jean-Philippe Bras, dir., L’institution. Passé et devenir d’une catégorie juridique, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 97-121.

Bruno Karsenti, "Une autre approche de la nation: Marcel Mauss", Revue du Mauss, n°36, 2010, p. 283-295. Disponible ici.

Bruno Karsenti, "Durkheim and the moral fact", in Didier Fassin, ed., A Companion to Moral Anthropology, Hoboken, Wiley-Blackwell, 2012, p. 21-36.

Cyril Lemieux, "What Durkheimian thought shares with pragmatism: How the two can work together for the greater relevance of sociological practice", Journal of Classical Sociology, vol. 12, n°3-4, 2012, p. 384–397.

Bruno Karsenti, "Durkheims Theorie des Totemismus revisited", in Tania Bogusz & Heike Delitz, eds, Émile Durkheim: Soziologie, Ethnologie, Philosophie, Frankfurt am Main, Campus, 2013, p. 529-558.

Florence Hulak, "L’avènement de la modernité. La commune médiévale chez Max Weber et Emile Durkheim", Archives de philosophie, vol. 76, n°4, 2013, p. 553-569. Disponible ici.

Bruno Karsenti, "Politique de Durkheim. Société, humanité, Etat", Scienza & Politica. Per una storia delle dottrine, vol. 26, n°51, 2014, p. 41-62.

Francesco Callegaro, "Le sens de la nation. Marcel Mauss et le projet inachevé des modernes", Revue du Mauss, n°43, 2014, p. 337-358. Disponible ici.

Francesco Callegaro, "La chose socialiste. Durkheim et l’origine de la sociologie", Incidence, "Le sens du socialisme. Histoire et actualité d’un problème sociologique", n°11, 2015. 

Jing Xie, "The structuralist twisting of Durkheimian sociology: Symbolism, moral reality and the social subject", Journal of classical sociology, vol. 16, 2016, p. 21-36.

Francesco Callegaro, "Grand résumé de l'ouvrage La Science politique des modernes. Durkheim, la sociologie et le projet d’autonomie (Paris, Economica, 2015)", SociologieS, mis en ligne le 19 octobre 2016. Disponible ici. Discussion par Jean-Louis Fabiani: disponible ici. Par Cyril Lemieux: disponible ici.

Julia Christ, "Critics of politics. Adorno on Durkheim", Journal of Classical Sociology vol. 17, n°4, 2017, p. 331–341.

Nicola Marcucci, "Between Facts and Wills: Tönnies, Durkheim and the sociological critique of modern obligation"The Journal of Classical Sociology, vol. 17, n°4, 2017, p. 276-292.

Nicola Marcucci & Gregor Fitzi, "Interview by with Hans Joas on the reception of Émile Durkheim in Germany", The Journal of Classical Sociology, vol. 17, n°4, 2017, p. 382-398.

Francesco Callegaro, "Justice as the sacred in language: Durkheim and Habermas on the ultimate grounds of modernity and critique", Journal of Classical Sociology, vol. 17, n°4, 2017, p. 342-360.

Francesco Callegaro, "Attualità di Durkheim : sociologia, filosofia, politica. Intervista a Cyril Lemieux e Bruno Karsenti", Società Mutamento Politica. Rivista italiana di sociologia, vol. 8, n°16, 2017, p. 301-323. Disponible ici. Version française téléchargeable ci-dessous.

Cyril Lemieux, "La politique sociologique selon Durkheim", in Bruno Karsenti & Cyril Lemieux, Socialisme et sociologie, Paris, Editions de l’EHESS, 2017, p. 123-150.

Francesco Callegaro, "L'Etat en pensée. Emile Durkheim et le gouvernement de la sociologie", in Bruno Karsenti & Dominique Linhardt, dir., État et société politique : approches sociologiques et philosophiques, Paris, Éditions de l’EHESS, coll. "Raisons pratiques", 2018, p. 191-226.

Francesco Callegaro & Nicola Marcucci, "Europe as a political society: Emile Durkheim, the federalist principle and the ideal of a cosmopolitan justice", Constellations, vol. 25, n°1, 2018, p. 542-555.

Jing Xie, "Individuality and Sociality : Durkheimian Theories of Modernity", Fudan Journal (Social Sciences), n°2, 2018.

Francesco Callegaro, "Le législateur et l’inconscient du peuple. Rousseau avec Durkheim", Etica & Politica/Ethics & Politics, vol. 20, n°2, "'Civil' Religion: an uneasiness of the Moderns?", 2018, p. 211-243. Disponible ici.

François Athané, "Mauss modernité, mondialité", Implications philosophiques, 2018. En deux parties. Disponibles ici : partie 1 ; partie 2.

Bruno Karsenti, "A propos de quoi les religions luttent-elles ?", in Charles-Henri Cuin (C.-H.) & Ronan Hervouet (R.), dir., Durkheim aujourd’hui, PUF, coll. "Le Lien social", 2018, p. 295-307.

Bruno Karsenti, "Durkheim, Germany, War, Europe", Simmel Studies, vol. 22, n°2, 2018, p. 17-34.

 


Livres et numéros de revue

Bruno Karsenti, Marcel Mauss. Le fait social total, Paris, PUF, coll. "Philosophies", 1994.

Bruno Karsenti, L'homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss, Paris, PUF, 1997. Voir ici.

Bruno Karsenti, La société en personnes. Etudes durkheimiennes, Paris, Economica, 2006. Voir ici.

Michel de Fornel & Cyril Lemieux, dir., Naturalisme versus constructivisme ?, Paris, Editions de l’EHESS, coll. "Enquête", 2007. Voir ici.

Cyril Lemieux, Le devoir et la grâce, Paris, Economica, coll. "Etudes sociologiques", 2009. Voir ici.

Francesco Callegaro,  La science politique des modernes. Durkheim, la sociologie et le projet d'autonomie, Economica, coll. "Etudes sociologiques", 2015. Voir ici.

Bruno Karsenti, Durkheim et l'Allemagne. Commentaire à vive voix, suivi de Emile Durkheim, L'Allemagne au-dessus de tout. La mentalité allemande et la guerre, Paris, Editions de l'EHESS, coll. "Audiographie", 2015. Voir ici.

Nicola Marcucci & Gregor Fitzi, "Durkheim in Germany", The Journal of Classical Sociology, vol. 17, n°4, 2017. Voir ici.

Emile Durkheim, Sociologie politique. Une anthologie (textes édités et introduits par Florence Hulak), Paris, PUF, 2020. Voir ici.

 


Archives vidéo

"Le débat Tarde/Durkheim de 1903" (débat performé): avec Bruno Karsenti dans le rôle d'Emile Durkheim et Bruno Latour dans celui de Gabriel Tarde, en mars 2008. Voir la vidéo.

Présentation par Bruno Karsenti de l'ouvrage d'Emile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse,  BNF, avril 2015. Voir la vidéo.

"A propos de quoi les religions luttent-elles ? Un point de vue durkheimien", intervention de Bruno Karsenti au colloque "La postérité de l'oeuvre de Durkheim, cent ans après", Université de Bordeaux, juin 2017. Voir la vidéo.

"Durkheim ou le sociologue en pédagogue conscient", intervention de Bruno Karsenti au Collège de France, juin 2019. Voir la vidéo.

"Emile Durkheim et le fait social": intervention de Bruno Karsenti aux "Rencontres philosophiques de Monaco", juin 2019. Voir la vidéo.

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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