Les dossiers du LIER-FYT |

10. Sur la contestation et la plainte

Phénomènes caractéristiques du rapport aux institutions, quelle que société que l'on considère, la plainte et la contestation sont facilement rabattues par les sciences sociales contemporaines sur la seule logique des intérêts des protestataires et comprises depuis le vocabulaire de la stratégie. La sociologie pratiquée au LIER-FYT s’interdisant un tel réductionnisme, elle a cherché à se doter des moyens analytiques permettant de prendre au sérieux tant les contraintes argumentatives qui pèsent sur la prise de parole publique que l’appel à des idéaux sans lesquels plainte et protestation resteraient aux acteurs impossibles à formuler.

Articles et chapitres

Michel de Fornel, "La réclamation et le dépôt de plainte dans un commissariat", in La relation de service dans le secteur public, tome 1, Plan Urbain, RATP, DRI, 1990, p. 37-46.

Emanuele Conte, "La ribellione al sistema signorile nel Duecento italiano. Aspetti giuridici", Ius Commune Sonderhefte, n°70, "Ordnung und Aufruhr im Mittelalter", Frankfurt am Main, 1995, p. 313-337.

Michel de Fornel, Anni Borzeix, Sophie Fisher & Michèle Lacoste, "Les lettres de réclamation", in Claude Quin, dir., L'administration de l'équipement et ses usagers, Paris, La documentation française, 1996, p. 71-106.

Cyril Lemieux & Jean-Paul Vilain, "La mobilisation des victimes d'accidents collectifs", Politix. Revue des sciences sociales du politique, n°44,1998, p. 135-160. Disponible ici.

Danny Trom, "De la réfutation de l'effet NIMBY considérée comme une pratique militante. Notes pour une approche pragmatique de l'activité revendicative", Revue française de science politique, n°49, 1999, p. 31-50. Disponible ici.

Eric Lagneau & Pierre Lefébure, "La spirale de Vilvorde: médiatisation et politisation de la protestation", Cahiers du CEVIPOF, n°22, 1999, p. 4-202. Disponible ici.

Eric Lagneau & Pierre Lefébure, "Le moment Vilvorde : action protestataire et espace public européen", in Richard Balme, Didier Chabanet & Vincent Wright, dir., L'action collective en Europe, Paris, Presses de Science-Po, 2002, p. 495-529.

Gabriel Nardacchione, "Justification, négociation et persuasion dans la clôture des conflits publics", in C. Barril, M. Carrel, J.-C. Guerrero & A. Marquez, dir., Le public en action, usages et limites de la notion d’espace public, coll. Logiques Politiques, L’Harmattan, Paris, 2003, p. 241-252.

Sebastian Pereyra & Maristella Svampa, "Les dimensions de l'expérience piquetera : tensions et cadres communs dans l'organisation et la mobilisation des chômeurs en Argentine", Revue Tiers Monde, vol. XLV, n° 178, 2004, p. 419-441. Disponible ici.

Yannick Barthe & Jean-Noël Jouzel, "Risque, incertitude et pacification des conflits", in Cécile Lahellec, dir., Risques et crises alimentaires, Paris, Editions Tec & Doc, 2005, p.207-216.

Gabriel Nardacchione, "Orizzontalità ed autonomia nei movimenti urbani a Buenos Aires: vincoli in trasformazione?", in Tomaso Vitale, ed., In nome di chi? Partecipazione e rappresentanza nelle mobilitazioni locali, Milano, Franco Angeli, 2007, p.38-59.

Cyril Lemieux, "Rendre visibles les dangers du nucléaire. Une contribution à la sociologie de la mobilisation", in B. Lahire, C. Rosental, dir., La cognition au prisme des sciences sociales, Paris, Editions des Archives Contemporaines, 2008, p. 131-159.

Yannick Barthe, "Cause politique et ‘politique des causes’. La mobilisation des vétérans des essais nucléaires français", Politix. Revue des sciences sociales du politique, n°91, 2010, p. 77–102. Disponible ici.

Madeleine Akrich, Yannick Barthe & Catherine Rémy, "Les enquêtes ‘profanes’ et la dynamique des controverses en santé environnementale", in M. Akrich, Y. Barthe & C. Rémy, dir., Sur la piste environnementale. Menaces sanitaires et mobilisations profanes, Paris, Presses des Mines, 2010, p. 752.

Sebastian Pereyra, "Detras de la justicia: familiares de víctimas y movilización social", in A. Massetti, E. Villanueva & M. Gómez, eds, Movilizaciones, protestas e identidades políticas en la Argentina del bicentenario, Buenos Aires, Nueva Trilce, 2010. Téléchargeable ci-dessous.

Emanuele Conte,  "Una radice antica del diritto di resistenza: la dottrina dei glossatori nella Summa Trium Librorum di Rolando da Lucca",  in Paola Maffei & Gian Maria Varanini, eds, Honos alit artes. Studi per il settantesimo compleanno di Mario Ascheri, Firenze, Firenze University Press, 2014, p. 175-184. Disponible ici.

Michele Spano, "La noblesse des misérables. La supplique, le recours collectif et le pouvoir des procédures", L’Atelier du Centre de recherches historiques, n°13, 2005. Disponible ici.

Sebastian Pereyra, "Trends of social protests in Argentina", in P. Almeida & U. Allen Cordero, eds, Handbook of Social Movements across Latin America, Amsterdam, Springer, 2015.

Sebastian Pereyra, "Protest, Social Movements, and Malaise in Political Representation in Argentina", in Alfredo Joignant, Mauricio Morales & Claudio Fuentes, eds, Malaise in Representation in Latin American Countries, New York, Palgrave Macmillan, 2016.

Boyan Znepolski, "Bulgarian Student Occupations in the Focus of Two Rationalities", Critique and Humanism, Main topic: "Youth, Civic Action and Protest", vol. 46, n°2, 2016, p. 97-108.

Sebastian Pereyra & Pablo Seman, "Los saqueos de diciembre de 2013. Violencia, protesta, desigualdad social", in Gabriel Di Meglio & Sergio Serulnikov, eds, La larga historia de los saqueos en la argentina de la independencia a nuestros días, Buenos Aires, Siglo XXI Editores, 2017, p. 247-272. Téléchargeable ci-dessous.

Yannick Barthe, "1970: Hirschman théorise les expressions du mécontentement", in Cyril Lemieux et alii, dir., Pour les sciences sociales. 101 livres, Paris, Editions de l'EHESS, 2017, p.128-130.

Cyril Lemieux, "Paradoxe de la modernisation. Le productivisme agricole et ses critiques (Bretagne, années 1990-2010)", Politix. Revue des sciences sociales du politique, XXXI (123), 2018, p. 115-144.

Cyril Lemieux, "Une autre approche de la conflictualité", in C. Lemieux, La sociologie pragmatique, Paris, La Découverte, 2018, p. 46-55.

Boyan Znepolski, "Les protestations bulgares en 2013 : la guerre des récits", Politika.io, Janvier 2019. Disponible ici.

Veronica Pecile, "Mobilisations urbaines dans une ville de l'Europe du sud après la crise. Le cas des communs à Palerme", in Christian Laval, Pierre Sauvêtre & Ferhat Taylan, dir., L'alternative du commun, Paris, Hermann, 2019, p. 219-228.

 

Livres et numéros de revue

Yannick Barthe & Cécile Robert, "Militantismes institutionnels", Politix. Revue des sciences sociales du politique, n°70, 2005. Voir ici.

Francisco Naishtat, Gabriel Nardacchione, Sebastian Pereyra & Federico Schuster, eds, Tomar la palabra. Estudios sobre protesta social y acción colectiva en la Argentina contemporánea, Buenos Aires, Prometeo, 2005.

Gabriel Nardacchione, Contester en infériorité. Le conflit des quartiers en Argentine de Menem à nos jours (1990-2002), Paris, L’Harmattan, 2006.

Sebastian Pereyra, ¿La lucha es una sola? La movilización social entre la democratización y el neoliberalismo, Buenos Aires, UNGS-Biblioteca Nacional, 2008. Ouvrage téléchargeable ci-dessous.

Sebastian Pereyra, German Pérez & Federico Schuster, eds, La huella piquetera. Avatares de las organizaciones de desocupados después de 2001, La Plata, Al Margen, 2009. Ouvrage téléchargeable ci-dessous.

Madeleine Akrich, Yannick Barthe & Catherine Rémy, dir., Sur la piste environnementale. Menaces sanitaires et mobilisations profanes,  Paris, Presses des Mines, 2010. Voir ici.

Gabriel Nardacchione, Arrêts et réouvertures de disputes politiques. Analyse du conflit enseignant en Argentine (1984-1999), Sarrebruck, Editions Universitaires Européennes, 2014.

Yannick Barthe, Les retombées du passé. Le paradoxe de la victime, Paris, Le Seuil, 2017. Voir ici.

 

Archives vidéo

"Gilets jaunes et classes populaires" : table-ronde dans le cadre du cycle de conférences  "Gilets jaunes : regards sur une crise" de l’EHESS, avec la participation de Cyril Lemieux, janvier 2019. Voir la vidéo.

"Revendications, mobilisations, répressions" : table-ronde dans le cadre du cycle de conférences  "Gilets jaunes : regards sur une crise" de l’EHESS, avec la participation de Cédric Moreau de Bellaing, janvier 2019. Voir la vidéo.

 

 

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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