Programmes de recherche collectifs |

2017-2020: Le pouvoir des victimes

Une étude comparative sur les processus de mobilisation des groupes de victimes et sur leurs limites (Argentine, Etats-Unis, France)

Projet financé par le labex Tepsis (catégorie "Ateliers de recherche internationaux")

Durée: 3 ans (2017-2020)

Responsables: Cyril Lemieux (LIER-FYT), Yannick Barthe (LIER-FYT) et Romain Huret (CENA-MA, EHESS)

Nombre d'acteurs et de chercheurs en sciences sociales s'accordent à voir dans la montée en puissance de la figure de la victime un trait majeur des sociétés contemporaines. « Victimisation » est le terme qu'ils donnent parfois à ce phénomène, souvent pour le décrier. Dans cet atelier de recherche international, nous souhaitons au contraire l'analyser sans préjuger de sa valeur. Ainsi considérée, la « victimisation » ne doit pas être cantonnée au statut de fait moral: elle n'est pas seulement une modalité, de plus en plus courante, qui s'offre aux individus et aux groupes pour interpréter les malheurs qui les frappent. Il faut y voir également, et indissociablement, un phénomène politique ou plus exactement, un mécanisme de politisation et, dans bien des cas, de remise en cause de l'ordre institutionnel. L'enjeu est d'expliquer comment se développe ce mécanisme particulier de politisation, pourquoi il est en passe de devenir central dans des contextes politico-institutionnels où, il y a quelques décennies encore, il était inexistant, quelles limites pratiques il rencontre et, finalement, quels effets il a sur le fonctionnement de l'Etat et la conduite des politiques publiques.

La méthode est comparative. Elle passe par la confrontation, établie à partir d'enquêtes empiriques, des processus contemporains de victimisation dans trois pays dont l'organisation politique et la culture instuitutionnelle diffèrent nettement: l'Argentine, les Etats-Unis et la France. Les études de cas sont puisées dans des domaines très divers: les catastrophes naturelles, les risques environnementaux, les violences policières, la gestion de la pauvreté, la mémoire de persécutions ou de crimes d'Etat passés... Les chercheurs impliqués appartiennent à différentes universités argentines et étatsuniennes, ainsi qu'au Centre d'études nord-américaines et au Laboratoire interdisciplinaires d'études sur les réflexivités de l'EHESS.


Membres de l’équipe :

María Victoria Pita (Conicet/ Buenos Aires), Sebastián Pereyra (Universidad Nacional de San Martín / Buenos Aires), Diego Zenobi (CONICET/ Buenos Aires), Carolina Schillagi (Universidad Nacional de General Sarmiento / Buenos Aires), Romain Huret (CENA-MA), Sara Le Menestrel (CENA-MA), Thomas Grillot (CENA-MA), Yannick Barthe (LIER-FYT), Cédric Moreau de Bellaing (LIER-FYT), Edouard Gardella (LIER-FYT), Cyril Lemieux (LIER-FYT).

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EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr