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Antoine Bocquet

Antoine Bocquet
Professeur du secondaire
Discipline : Philosophie
Centre(s) de rattachement : Pôle philosophie
Laboratoire(s) de rattachement : LIER-FYT

Champs de recherche:

 

Philosophie des sciences sociales, philosophie politique, philosophie de l’esprit, histoire sociale et histoire des idées, identité, inconscient.

Coordonnées professionnelles

abocquet78[at]gmail.com

Agrégé et docteur en philosophie. Enseigne en CPGE.

 

Thème de recherche n° 1 : Spiritualisme et genèse de l’État social. — Aborder le spiritualisme pose toutes sortes de problèmes aux chercheurs ; il y a plusieurs façons d’en rater l’étude et d’en dénier l’intérêt. Pourtant pour une raison au moins il devrait nous intéresser : c’est qu’il a révélé avec insistance la présence de l’amour, celui qu’évoque le mot philanthropie, parmi les motifs sociaux, et surtout il a cherché à en articuler le motif dans une pensée de l’État. On est ainsi confronté à un paradoxe spiritualiste : une philosophie au départ individualiste se tourne vers la prise en compte de la société en une véritable auto-subversion de ses concepts et de ses intuitions fondamentales. Mais, si on peut décrire ce paradoxe (ce qui a été l’objet de mon ouvrage Portrait d’un spiritualiste en penseur social), on peut aussi tenter de le lever en passant d’une philosophie sociale (philosophie attentive aux concepts adéquats à penser des institutions) à ce qu’on peut appeler avec Bruno Karsenti une philosophie des sciences sociales. Le spiritualisme, ce rejeton hétérodoxe de l’Idéologie, au-delà de la pensée de l’intériorité auquel on le confine trop souvent, fait alors apparaître que la pensée sociale au xixe siècle s’est jouée dans l’articulation de deux motifs : l’État, saisi autrement que sous la figure de la répression, et l’amour, compris autrement que comme effusion. En un mot, ce sont rien moins que les pratiques de justice de la société postrévolutionnaire qu’on peut alors documenter.

Thème de recherche n° 2 : L’inconscient social. — Le concept d’inconscient est un concept sociologique de plein droit. Si, en effet, la sociologie dès ses débuts s’est voulue science politique des modernes, elle devait rendre compte de la façon dont le sens et la rationalité sont consciemment, bien sûr, mais aussi inconsciemment produits. À partir de cette prémisse, c’est une relecture de Freud et des textes qu’on peut grouper autour de son article « Psychologie des foules et analyses du moi » (1921) que nous avons proposée dans le cadre de l’atelier de lecture sur l’inconscient social (2015-2016), co-animé avec Alessia Smaniotto et Vincent Mussat. Dans une perspective de philosophie des sciences sociales, l’apport freudien à la pensée politique peut en effet lui-même être lu sous un jour qui y fait apparaître non la violence comme fond de la politique, qui serait ainsi révélé en sa crudité, mais plutôt une genèse de la violence comme déviation à partir de l’activité d’idéalisation qui anime spécialement et fondamentalement les activités sociales. Le parcours proposé dans notre atelier de 2015-2016 nous a ainsi conduit à relire Freud, mais aussi Le Bon, Tarde et Kelsen dans cette perspective.

 

Parmi les dernières publications:

 

Livre

Portrait d’un spiritualiste en penseur social – Joseph-Marie de Gérando (1772-1842), Besançon, Presses Universitaires de Besançon, collection « Agon », 2016. Voir ici.

 

Articles  

« À propos de notre identité de modernes. Une lecture de Vincent Descombes », in Archives de philosophie, tome 77 – cahier 2, avril-juin 2014, pp. 331-337.

«Les paradoxes du spiritualisme de Gérando : de l’analyse des idées à la grammaire des langues», in Jean-Luc Chappey, Carole Christen, Igor Moullier (dir.), Joseph-Marie de Gérando (1772-1842), Connaître et réformer la société, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2014, pp. 49-61.

Recension de Paolo Slongo, Il movimento delle leggi. L’ordine dei costumi in Montesquieu. Dans Filosofia politica, 2/15, Anno XXIX, Agosto 2015, p. 350-354.

«À la hauteur de la réflexion sociologique : penser politiquement l’autonomie. Une lecture de Francesco Callegaro», Methodos, n° 16, printemps 2016, 

«Quelle politique à partir de Montaigne ?», Archives de Philosophie, 2017/3 (Tome 80), p. 553-557.

«La sociologie ou la résistible expression des idéaux démocratiques», Archives de Philosophie, 2017/4 (Tome 80), p. 755-763.

«La raison politique de nos mœurs : une lecture de La Raison du peuple de Frédéric Brahami », Methodos n° 18, printemps 2018.

 

Traduction 

Traduction en français de Enrica Liscani-Petrini, Charis. Saggio su Jankélévitch, Milano, Mimesis, 2012 [Charis. Essai sur Jankélévitch, Paris, Vrin, 2013].

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr