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Gildas Salmon

Gildas Salmon
Chargé de recherche
Discipline : Philosophie
Institution(s) de rattachement : CNRS
Centre(s) de rattachement : Pôle philosophie
Laboratoire(s) de rattachement : LIER-FYT

Champs de recherche:

Histoire des sciences sociales, comparatisme, anthropologie (mythes, parenté, classifications), théorie de l’esprit, sémiologie

Coordonnées professionnelles

École des Hautes Études en Sciences Sociales
Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités

10, Rue Monsieur Le Prince
75006, Paris

gildas.salmon[at]gmail.com

Mon travail a porté jusqu’ici sur l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss. En prenant pour objet le concept de transformation, j’ai proposé de l’interpréter comme un point de retournement dans l’histoire du comparatisme : alors qu’on avait toujours cru que comparer ne pouvait consister qu’à recenser les ressemblances qui unissent les sociétés, Lévi-Strauss propose au contraire de faire des différences recensées par les ethnographes le moteur de la comparaison. Or cette nouvelle forme de comparatisme est indissociable d’une théorie de l’esprit qui s’appuie sur la théorie saussurienne de la valeur. En effet, les relations de transformations permettent de retracer les opérations par lesquelles une société forge ses mythes ou ses institutions en déformant ceux qu’elles trouvent chez ses voisines.

A partir du travail que j’ai effectué sur Lévi-Strauss, mon objectif est désormais de retracer une histoire du comparatisme depuis le XIXe siècle. Mon travail sur Franz Boas vise ainsi à définir la manière dont les exigences issues de la grammaire comparée et de la biologie sont venues altérer la nature de la comparaison anthropologique. Plus largement, il s’agit de comprendre comment l’émergence des disciplines comparatives vient introduire une nouvelle forme de réflexivité dans les sociétés modernes : il n’est désormais plus possible de se connaître soi-même qu’en se saisissant comme une variante à l’intérieur d’un réseau plus large.

Enfin, je souhaite également interroger les interactions contemporaines entre philosophie et anthropologie. Dans cette perspective, j’ai co-organisé le colloque « Métaphysiques comparées » à Cerisy en juillet 2013 avec P. Charbonnier et P. Skafish.

Enseignements :

- séminaire « Sciences sociales et modernité » à l’EHESS, avec P. Charbonnier et F. Hulak

- Ateliers Philosophie et sciences sociales (EHESS – Paris 1), « Les usages sociaux de la langue » avec M. Plouviez

 

Parmi les dernières publications:

 

« Les paradoxes de la supervision. Le ‘règne du droit’ à l’épreuve de la situation coloniale dans l’Inde britannique (1769-1781) », Politix. Revue des sciences sociales du politique, 31 (123), p. 35-62.

 

Les Structures de l’esprit, Lévi-Strauss et les mythes, Paris, Presses Universitaires de France, collection Pratiques théoriques, 2013, 289 pages.

« Forme et variante, Franz Boas dans l’histoire du comparatisme », in Michel Espagne et Isabelle Kalinowski (dir.), Franz Boas, le travail du regard, Paris, Armand Colin, 2013 (sous presse), 26p.

« La réalité symbolique du social, retour sur le débat entre Sartre et Lévi-Strauss », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, 2012, pp.59-74

« Du système à la structure : la redéfinition de la méthode comparative dans "Les systèmes de transformations" (La Pensée sauvage, chapitre 3) », in Patrice Maniglier (dir.), Le Moment philosophique des années 1960, Paris, PUF, 2011, pp.159-176.

« Les incongruités de la pensée symbolique », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, numéro spécial sur Claude Lévi-Strauss, dirigé par Marcel Hénaff, juin 2008, pp.71-90

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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