Membres | Post-doctorants

Laurent (2018-2019) Laffont

Docteur
Institution(s) de rattachement : EHESS
Centre(s) de rattachement : Pôle sociologie
Laboratoire(s) de rattachement : LIER-FYT

Coordonnées professionnelles

LIER-FYT

10, rue Monsieur le Prince

75006 Paris


laurent.laffont[at]ehess.fr

Champ de recherche

Sociologie de la culture, média, musique, politiques culturelles, changement social, transmission, processus de socialisation, articulation entre analyse statistique et analyse grammaticale de l’action.

Présentation

Laurent Laffont a soutenu en Novembre 2017 une thèse de sociologie sur le changement de goût musical à l’Université Toulouse II Jean Jaurès, co-dirigée par Michel Grossetti et Martine Azam. À partir d’entretiens biographiques qui portent sur des parcours de changement de goûts musicaux, l’originalité de la thèse a été de s’inspirer de la méthode des narrations quantifiées pour coder des situations de changement de goût (1292 au total) dans une perspective praxéologique, en codant les divers éléments pertinents des situations (et notamment la dominante grammaticale) desquelles émergeait un changement de goût.

A été ainsi concilié le fait que réside, au sein de chaque situation sociale, une incertitude quant à l’issue d’un changement de goût, tout en saisissant la régularité statistique qui existe dans le fait de changer de goût en mobilisant telle ou telle règle de jugement de goût à l’égard de tel ou tel genre musical au sein d’une situation sociale descriptible par telle et telle propriété sociale. De la sorte, la description quantifiée des types de situations sociales et du sens grammatical positif que les références musicales de tel ou tel genre y prenaient, a permis de prévoir les types de situations qui rendent plus probables des types de changement de goût musicaux.

En partant de la mise au jour de ces probabilités de changement, qui représente la tâche prédictive, une dernière tâche, critique celle-là, a été de proposer des modifications des dispositifs matériels d’accès à la musique qui, en visant une augmentation de la capacité réflexive des individus, permettent de rendre de tels changements plus probables au sein de situations futures analogues. Cette dernière tâche poursuivait deux objectifs : tout d’abord, dans une perspective wébérienne, l’augmentation de la capacité réflexive individuelle visait à ce que les politiques culturelles orientées vers un idéal de démocratie culturelle puissent être améliorées ; ensuite, et surtout, dans une perspective durkheimienne, l’augmentation de cette capacité avait pour objectif que soient atténuées les diverses formes de réifications sociales qui entravent les changements de goût, en offrant par-là la possibilité aux individus, au minimum de comprendre les formes d’engagement d’autres individus qui n’appartiennent pas aux mêmes groupes sociaux (en terme de genre, de classe sociale, d’ethnie, de génération, etc.), au mieux de pouvoir faire évoluer leurs propres formes d’engagement par une augmentation de leur tolérance aux goûts d’autrui, dans une société où les processus de différenciation sociale sont de plus en plus importants. La thèse est en train d'être retravaillée afin d'être publiée.


Son travail postdoctoral est la continuité de la thèse. Il porte sur la constitution des playlists des « radios jeunes » du point de vue de leur capacité à permettre aux adolescents de changer de goûts musicaux. La critique interne sous-jacente au projet est de se demander en quoi les références et les règles musicales promues par les « radios jeunes » favorisent chez les adolescents une augmentation de leur réflexivité et participent au changement de leur répertoire musical et des règles qui leur donnent sens.


Publications récentes

AZAM, M., GROSSETTI, M., LAFFONT, L., TUDOUX, B., « Les univers musicaux des 15-25 ans. Contribution au débat sur les variations sociales du goût », 2018, Sociologie, vol.4, n°9, pp. 343-359.

LAFFONT, L., « Une division du travail contrainte produite par l’anticipation d’une situation anomique ? Une analyse néo-durkheimienne de la loi HADOPI et des pratiques de téléchargement illégal de musique », 2018, Transposition. Musique et sciences sociales, n°7.

LAFFONT, L., TUDOUX, B., « Enquêter sur les goûts musicaux, varier les échelles d’analyse, accéder aux modes de qualification musicale : le cas des jeunes de 15-25 ans en Midi-Pyrénées », 2016, dans En quête de musique : Questions de méthode à l’ère de la numérimorphose, Hermann, Paris, pp. 115 144.

LAFFONT, L., « Résurgence et retour sur soi - La musique en tant que Madeleine de Proust », 2014, Revue Missile, pp. 24-29.
 

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr