Membres | Post-doctorants

Stefania Ferrando

Post-doctorante
Institution(s) de rattachement : EHESS
Centre(s) de rattachement : Pôle philosophie
Laboratoire(s) de rattachement : LIER-FYT

 

Champ de recherche

Philosophie politique, philosophie des sciences sociales, études sur le genre, féminisme, religion

 

Stefania Ferrando est actuellement post-doctorante au LIER-FYT dans le cadre du projet ANR ReMouS (Religions monothéistes et mouvements sociaux d’émancipation).

En 2015, elle a soutenu sa thèse, menée sous la direction de B. Karsenti à l’EHESS et G. Duso à l’Université de Padoue.

Par l’analyse des controverses sur l’accès des femmes à la politique pendant la Révolution française et au sein du mouvement saint-simonien au début du XIXe siècle, la thèse vise à étudierles pratiques par lesquelles des femmes en viennent à élaborer des langages leur permettant de signifier ce qui n’était pas dicible dans le langage politique existant. La question de la liberté des femmes est ainsi étudiée comme un lieu d’épreuve du système conceptuel moderne élaboré pour penser une société politique d’individus libres et égaux. Cette question fait en effet émerger un problème marginalisé par le contractualisme : le rapport entre les générations et la mise en ordre de la transmission symbolique et matérielle. Ce problème radicalement transformé lorsque des femmes, qui avaient participé à la Révolution ou aux luttes ouvrières, font valoir une égalité et une liberté qui investit à la fois l’organisation de la sphère domestique (distribution de l’autorité et de la hiérarchie) et de la sphère publique et politique.  

A partir de la prise de parole de femmes qui participaient à ces mouvements et qui dénaturalisaient la maternité et la sexualité, il devient ainsi possible d’analyser les conflits engagés autour de la frontière entre ce qui est socialement institué et ce qui est posé comme n’étant pas institué. En raison d’un tel objet, l’analyse philosophique a dû s’ouvrir à un dialogue avec d’autres disciplines, notamment l’histoire, la sociologie et l’anthropologie.

Ses recherches actuelles portent sur le rapport entre le langage politique féministe et le langage religieux. A partir du moment où les pratiques de liberté des femmes ont affaire aux corps et à la sexualité, il s’agit de comprendre si et comment l’élaboration de demandes de justice ainsi que la formulation de désirs et d’idéaux au sein des mouvements féministes sont confrontées aux traditions religieuses monothéistes. Dans cette perspective, elle s’intéresse tout particulièrement à la reprise de la tradition mystique chrétienne au sein du féminisme du XXe siècle.

 

Publications

 

1/ Ouvrages :

 

Michel Foucault, la politica presa a rovescio. La pratica antica della verità nei corsi al Collège de France, FrancoAngeli, Milan, 2012

 

2/ Articles dans des revues à comité de lecture :

 

•  « L’énigme de la croyance : l’apport du cas de Madame du Deffand pour comprendre le déni de réalité », Interrogations ? Revue pluridisciplinaire de sciences humaines et sociales, n.28, Autour du déni, 2019 (lien à l’article : http://www.revue-interrogations.org/L-enigme-de-la-croyance-l-apport)

 

• « Images de femmes libres. Pour une histoire esthétique des théories politiques », Images Re-vues. Histoire, anthropologie et théorie de l’art, Hors-série 6, Images émancipatrices, 2018 (lien à l’article : https://journals.openedition.org/imagesrevues/4284)

 

• « Le détournement de la Révolution. Continuité historique et conflit social chez Saint-Simon », Archives de philosophie, 2017/1, t. 80, De la Révolution à l’Histoire, pp. 33-54

 

• « Le socialisme à l’épreuve du féminisme. Le défi sociologique de Marguerite Thibert », Incidence. Revue de philosophie, littérature, sciences humaines et sociales, n. 11, 2015, pp. 133-159.

• « La différence comme “butoir de la pensée”. Françoise Héritier et l’approche anthropologique de la valence différentielle des sexes », Incidence. Revue de philosophie, littérature, sciences humaines et sociales, n. 9, 2013, pp. pp. 167-194.

 

• « La différence comme “butoir de la pensée”. Françoise Héritier et l’approche anthropologique de la valence différentielle des sexes », Incidence. Revue de philosophie, littérature, sciences humaines et sociales, n. 9, 2013, pp. pp. 167-194.

 

3/ Contributions à des ouvrages collectifs :

 

• « Genre » avec R. Fanciullacci, in Florence Hulak & Charles Girard (dir.), Philosophie des sciences humaines. Tome 2 : Méthodes et objets, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque d’histoire de la philosophie », 2018.

 

• « La differenza indecente », in M. Forcina (sous la dir. de), Un punto fermo per andare avanti. Saperi, relazioni, lavoro e politica, Lecce, Milella, 2015, pp. 59-76.

• « Le premier journal féministe. La pratique de l’écriture : Jeanne-Désirée, Marie-Reine et La femme libre » (coécrit avec B. Kolly), in Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau, Edward Castleton, Ludovic Frobert, François Jarrige, Quand les socialistes inventaient l’avenir, Paris, La Découverte, 2015, pp. 104-112.

 

• « L’imprévu de la politique des femmes. Michel Foucault et la révolution iranienne » in Mireille Azzoug et Christiane Veauvy (dir.), Femmes, Genre, Féminismes en Méditerranée. « Le vent de la pensée ». Hommage à Françoise Collin,Paris, Bouchène, 2014, pp. 103-120.

 

• « Fondatrici. L’efficacia e la realtà di un altro ordine simbolico », inDiotima, La festa è qui, Naples, Liguori, 2012, pp.115-136.

Coordonnées professionnelles

Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas

10, rue Monsieur Le Prince - 75006 Paris

stefania.ferrando[at]ehess.fr

Webpage in french
EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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