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	État et société politique

État et société politique

Bruno Karsenti , Dominique Linhardt
Paris,  Editions de l'EHESS, Raisons pratiques- Vol 27, 2018 

La question de l’État, dans les sciences sociales, ne peut se cantonner à étudier les rapports entre l’État et la société. Bien que souvent spontanément présente dans ces disciplines, une telle représentation les condamne de facto à démissionner devant l’État et à adopter des langages étrangers à leur épistémologie.

 

Au mythe de la dissociation de l’État et de la société, les sciences sociales sont obligées d’opposer une autre conception de l’État qui le maintient dans une étroite dépendance de l’ensemble social dont il est un élément de différenciation. État et société ne sauraient par conséquent être considérés comme deux entités de nature équivalente, car l’un est contenu par l’autre. Cela n’empêche pas toutefois de reconnaître à l’État une place prééminente et de concevoir qu’il participe à la reproduction des rapports sociaux de pouvoir. La perspective sociologique donne ainsi à l’État une physionomie particulière. Elle fait porter des exigences fortes sur l’enquête empirique. Elle modifie également profondément le concept de l’État lui-même.

 

Les contributions à ce volume, qui proviennent de la plume de juristes et de politistes, d’anthropologues, de sociologues et de philosophes, ont en commun d’assumer cette perspective dans ses attendus et ses conséquences. Elles jettent ainsi une lumière plus réaliste aussi bien sur la genèse historique de l’État, telle qu’elle procède de l’avènement des sociétés modernes, que sur l’expérience politique que nous faisons, dans la vie sociale telle que nous connaissons aujourd’hui, de l’État et du rôle qu’il y joue comme institution.

 

Voir la présentation de l'ouvrage par Dominique Linhardt.

 

 
Sommaire
 

 Présentation

 

 La question sociologique de l’État

 

♦ Hermann Heller. État

♦ Olivier Jouanjan. Lire Hermann Heller, théoricien de l’État sous Weimar

 

 

 L’expérience de l’État

 

♦ Dominique Linhardt. L’État de société. Considérations sur la méthode

♦ Danny Trom. L’expérience duale de l’État-nation

♦ Adèle Blazquez. Désirs de justice, attente de l’État et recours à la violence. Appréhension des homicides à Badiraguato, Sinaloa (Mexique)

♦ Bruno Karsenti. Éthicité et anomie. De la philosophie sociale à la sociologie de l’État

 

Genèses de l’État

 

♦ Julia Christ. La naissance de l’État-nation à partir de la dette. Sociogenèse de l’État moderne selon Marx

♦ Francesco Callegaro. L’État en pensée. Émile Durkheim et le gouvernement de la sociologie

♦ Johan Giry et Jean-Philippe Heurtin. Le règne et l’administration. La Herrschaftssoziologie wébérienne comme sociologie du gouvernement

 

Institutions de la société politique

 

♦ Albert Ogien. L’État, le peuple, le monde. Une conception pluraliste de la souveraineté politique

♦ Ariel Wilkis. Quand l’argent vient de l’État. Hiérarchies monétaires et antagonismes moraux dans la politique d’assistance aux classes populaires argentines

♦ Benjamin Lemoine. Dettes et devoir d’État. Les obligations d’État entre crédit financier, ordre social et morale politique

♦ Timothy Mitchell. Les limites de l’État. Au-delà des approches étatistes et de leurs critiques

 

En savoir plus sur l'ouvrage

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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