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	La dette souveraine

La dette souveraine

Gildas Salmon , Julia Christ
Paris,  Editions de l'EHESS, Raisons pratiques- Vol 26, 2018 

Depuis la crise de 2008, la question de la dette publique s’est imposée sur le devant de la scène politique. Loin d’être réductible à une question de bonne gestion financière, la dette, dans sa forme contemporaine, reconfigure profondément les rapports entre l’État et ses citoyens et va jusqu’à mettre en question la souveraineté de l’État-nation.

À partir de l’analyse de la crise de la démocratie engendrée par l’explosion de la dette publique proposée par le sociologue allemand Wolfgang Streeck dans Du temps acheté, qui publie dans ce volume un essai inédit en langue française, C. Crouch, J. Habermas, R. Boyer, B. Karsenti, B. Lemoine, M. Cuillerai, J.-M. Rey et Y. Duroux ordonnent leurs réflexions autour de trois questions : est-il possible de réguler un capitalisme financier qui s’est largement émancipé du cadre étatique au sein duquel s’était construit le compromis d’après-guerre entre capital et travail ? L’intégration européenne est-elle un obstacle ou un atout pour remettre une économie globalisée sous contrôle démocratique ? Comment le néolibéralisme, en faisant pénétrer les logiques marchandes jusque dans la subjectivation des citoyens, altère-t-il le principe de cohésion des sociétés démocratiques contemporaines et, partant, le type de réflexivité et d’action politique qui peuvent avoir prise sur leur devenir ?

L’enjeu de ce dossier est de remettre au premier plan du questionnement des sciences sociales le lien que l’économie entretient avec la politique, les dangers qu’un capitalisme livré à lui-même représente pour les démocraties modernes, mais aussi la capacité des États à le mettre à contribution pour la construction d’une société politique juste.

 

Sommaire

 

Présentation

Les logiques de la dérégulation : penser la sociogenèse de l’État néolibéral à partir de Du temps acheté

 

Le capitalisme au-delà de l’État : l’impossible régulation

 

Wolfgang Streeck: Du temps acheté. Préface à la seconde édition

 

Colin Crouch: La mondialisation et le triomphe ininterrompu du néolibéralisme Quelle est la force du lien ?

 

Souveraineté nationale, intégration européenne et mondialisation économique

 

Jürgen Habermas: Démocratie ou capitalisme ? Misère des États-nations et de leur fragmentation au sein d’une société mondiale intégrée par le capitalisme

 

Robert Boyer: Le Brexit Souveraineté nationale contre internationalisation de l’économie

 

Bruno Karsenti: Sociologie de l’État de consolidation

 

Une société néolibérale ?

 

Benjamin Lemoine: Dette souveraine et classes sociales Plaidoyer pour des enquêtes sur la stratification sociale et l’ordre politique produits par la dette de marché

 

Marie Cuillerai: Peuples endettés Politisation de l’économie

 

Jean-Michel Rey: Immuniser l’Europe contre le réel politique Réflexions sur la rhétorique de l’économie politique contemporaine

 

Bilan et perspectives

 

Yves Duroux, avec Julia Christ et Gildas Salmon Entretien. « On ne fabrique pas un peuple en lui donnant du pain. Ni une constitution »

 

En savoir plus sur l'ouvrage

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr