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Théo Leschevin

Théo Leschevin
Doctorant Pôle sociologie
Discipline : Sociologie
Institution(s) de rattachement : EHESS
Institution secondaire : Maynooth University
Laboratoire(s) de rattachement : LIER-FYT

Coordonnées professionnelles

École des Hautes Études en Sciences Sociales


Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités


10, Rue Monsieur Le Prince


75006, Paris

theo.leschevin[at]gmail.com

À partir d'une enquête ethnographique menée sur plusieurs années auprès des habitants de Belfast, cette thèse étudie la conflictualisation et la pacification des rapports entre communautés Protestantes et Catholiques en Irlande du Nord et la dimension sociohistorique de ce conflit. Pour cela, j’enquête sur les activités et les mobilisations locales d’un quartier défavorisé de Belfast, particulièrement réputé pour son caractère ségrégatif, au passé comme au présent. La thèse cherche alors à comprendre, à mi-chemin entre une démarche Éliassienne et la sociologie des problèmes publics de J. Gusfield, la façon dont les acteurs de ces communautés réactualisent ou relèguent dans le passé les conflits politiques qui les ont opposés, dans leurs interactions quotidiennes et jusque dans l'État nord-irlandais. Elle met au jour la façon dont des citoyens locaux, acteurs associatifs, élus, et membres de l'administration de l'État élaborent alors de nouvelles conceptions de ce que devrait être cet État pour pacifier leur cohabitation.

Codirigée par Yannick Barthe (EHESS LIER-FYT) et Colin Coulter (Maynooth University, Ireland), cette thèse entend ainsi montrer les types particuliers d'appareils réflexifs étatiques vers lesquels tendent ces mobilisations. Il s'agit de conceptions de l'État qui soutiennent, d'un côté, des aspirations à l'intégration politique communautaire et, de l'autre côté, des aspirations à la distanciation vis-à-vis de ces groupes de référence et à l'intégration dans une société libérale plus différenciée. Je montre que certains acteurs rattachés à cet appareil d'État portent ces aspirations sans toujours réussir à dépasser les nouvelles tensions politiques que suscitent leurs caractères potentiellement contradictoires. Les dérives de l’une et de l’autre se trouvent alors potentiellement descriptibles et régulièrement dénoncées comme des retours au conflit ou des formes insatisfaisantes de paix.

Cette thèse analyse alors les tentatives parfois infructueuses de passage à des formes plus réflexives de réglages de ces aspirations au cours d'épreuves d'États. Les disputes concernant les suicides juvéniles, l'émancipation des femmes, les combats organisés entre groupes de jeunes de différentes communautés, la civilité interactionnelle et urbaine, et les relations entre supporters de football rivaux, sont autant de cas d'études qui me permettent de montrer comment s'opposent et se co-constituent ces aspirations. Cette thèse repose ainsi sur l’étude de moments critiques du « processus de paix » nord-irlandais comme de moments du quotidien. Je travaille auprès des habitants d’un quartier de Belfast Nord et des intervenants extérieurs au district. Je croise des périodes d’observations, des entretiens semi-directifs et l'examen d'archives et de documents locaux.

Doctorant contractuel à l’EHESS-PSL (2017-2020) et bourse d'étude John and Pat Hume Scholarship à l'Université de Maynooth, Irlande (2017-2021). Enseignant contractuel à Sciences Po (2019,2020,2021) pour le cours « Sciences et Sociétés ».

 

 

 



EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr