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Julia Christ

Julia Christ
Chargée de recherche - Directrice-adjointe du laboratoire - Responsable du pôle philosophie
Discipline : Philosophie
Institution(s) de rattachement : CNRS
Centre(s) de rattachement : Pôle philosophie

Champs de recherche :

philosophie sociale, théorie critique, philosophie politique

Coordonnées professionnelles

EHESS / LIER-FYT

10 rue Monsieur-le-Prince

75006 Paris

christ[at]phare.normalesup.org

Julia Christ est philosophe, chargée de recherches au CNRS. Spécialiste de la théorie critique (Ecole de Francfort) elle a soutenu en 2013 une thèse sur la théorie de la société de Th. W. Adorno qu’elle reconstruit à l’aide des concepts de « règle » et de « jeu ». Cette reformulation lui a permis de dégager un concept de totalité sociale capitaliste, propre à la première théorie critique et proche de celle du structuralisme marxiste, qui la comprend comme un jeu au sein duquel les acteurs suivent, de manière inconsciente, des règles qui les constituent comme sujets d’action et de pensée mais qui leur sont indisponibles. Cela ouvre sur trois problématiques : au niveau de l’épistémologie celle de l’accessibilité des règles de la vie sociale aux acteurs et, sur cette base, pour la sociologie. Au niveau moral celle de l’universalité de règles dont la production est, du fait de la division du travail capitaliste, essentiellement contingente. Au niveau politique celle de la capacité des acteurs à s’approprier de manière réflexive les règles qui les constituent dans leur pensée et leur action et à y puiser, alors que leur statut moral même est mis en cause, des ressources pour articuler leurs jugements critiques. Ce travail a permis d’introduire une distinction nette entre des philosophies sociales (Habermas, Honneth) et des théories de la société (Marx, Adorno, Althusser), les derniers mettant en avant des formes de cohésion sociale négative (fétichisme, identification avec l’agresseur/culpabilité/dette, méconnaissance) là où les premiers s’attachent à dégager une dimension morale (justice, solidarité) du lien social. Le statut, voire la possibilité même de la critique immanente formulée par les acteurs, sont fortement affectés par la valeur que la théorie accorde à la cohésion sociale.

Elle prolonge actuellement cette recherche d’une part par un travail sur la dette comme lien social et, sur le long terme, par une interrogation sur le concept de corps social tel qu’il a été forgé et retravaillé au 19e siècle et la forme de causalité qui est censée le caractériser, à savoir la « régulation ». Elle est par ailleurs traductrice des écrits sociologiques d’Adorno, secrétaire générale de l’Association Internationale Hegel (IHV) et co-organise depuis 2011 le séminaire de recherche sur la Théorie critique à l’ENS qui porte cette année sur « Théorie critique et psychanalyse ».


Parmi les dernières publications :

 

Kritik des Spiels. Spiel der Kritik. Zur Sozialphilosophie Adornos, Baden-Baden, Nomos, 2017

« Kommentar zu: Juliette oder Aufklärung und Moral » [Commentaire du chapitre « Juliette ou les Lumières et la morale » de la Dialectique de la raison], in G. Hindrichs, (dir.), Klassiker Auslegen : Dialektik der Aufklärung, Berlin, Akademie-Verlag, 2017, pp. 41-61.

« Totalité et symptôme ou comment lire ‘la société’ », in G. Fondu/A. Burlaud (dir), Althusser 1965, Paris, Editions sociales, 2017 ; à paraître

J. Christ/F. Nicodème (dir.), L’injustice sociale, quelles voies pour la critique, Paris, PUF, 2013.


Parmi les dernières traductions :

 

Th. W. Adorno, Le conflits des sociologies. Théorie critique et sciences sociales, Paris, Payot (Critique de la politique), 2016

EHESS
CNRS

 

Motion du LIER-FYT concernant le projet de loi sur les retraites et la LPPR

 

Les membres statutaires et les représentantes des doctorant·e·s du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités – Fonds Yan Thomas (LIER-FYT, EHESS-CNRS, FRE 2024), réuni·e·s en Assemblée générale le 21 janvier 2020, et ses doctorant·e·s, réuni·e·s (via un vote électronique les 22 et 23 janvier 2020), déclarent leur opposition au projet de loi sur les retraites, aux orientations qui prévalent dans la préparation du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et aux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique.

Ces prétendues réformes qui poussent plus loin encore le démantèlement de l’État social, la dislocation du service public et la mise au pas de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui plongent un peu plus les jeunes dans la précarité, aggravent les inégalités de statut et de condition et vouent un plus grand nombre d’ancien·ne·s à vivre dans le besoin, nous touchent, nous qui pratiquons les sciences sociales, à un point névralgique. Car les institutions de l’État social et du service public et les sciences sociales sont inextricablement liées : elles résultent d’une même transformation historique qui, à travers des crises et des luttes sociales, a conduit dans nos sociétés à toujours davantage d’intégration et de solidarité. La protection sociale et l’existence d’un secteur public ont progressivement exprimé et réalisé cette tendance sur le plan de l’organisation sociale, tandis que les sciences sociales contribuent à en renforcer les effets dans la conscience collective en même temps qu’elles en mesurent les limites et aident à les surmonter. Cette transformation est loin d’être achevée. Elle se heurte, avec notamment la crise écologique, à des défis considérables qui rendent les sciences sociales plus nécessaires que jamais. Inscrire les réformes en cours dans l’histoire longue de nos sociétés les révèle ainsi dans ce qu’elles sont : des régressions. Dans l’immédiat, il est indispensable que nous y opposions notre refus. Mais au-delà de cette mobilisation nécessaire, nous affirmons notre détermination à continuer notre métier, celui des sciences sociales, dans le cadre du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Nous refusons de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une ingénierie gestionnaire destinée à asservir la vie sociale aux logiques de marché plutôt que d’y favoriser l’épanouissement du bien commun.

Pour ces raisons,

1) Nous appelons chacun·e à soutenir les mobilisations contre la réforme des retraites et contre la transformation de la fonction publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, à participer aux assemblées générales et aux journées d’action interprofessionnelle et à faire preuve de solidarité, notamment en contribuant aux caisses de grève, avec les secteurs professionnels qui portent actuellement l’essentiel de l’effort de mobilisation.

2) Nous demandons aux institutions d’enseignement supérieur dans lesquelles nous exerçons de mettre en place des règles claires qui permettent aux étudiant·e·s de s’engager, sans être pénalisé·e·s, dans le mouvement qui a pour enjeu leur avenir. (Ces règles doivent, à notre sens, prendre la forme d’un réaménagement des modalités et des temps d’enseignement et d’apprentissage plutôt que de procédures de validation automatique des compétences et savoirs acquis.

3) Nous réclamons que le gouvernement sursoie au projet de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche et organise une concertation digne de ce nom, afin de définir collectivement les conditions d’une véritable refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’en déterminer le calendrier et les moyens, dans le respect des qualifications et des vocations de ceux qui y consacrent toute leur énergie et en tenant compte de la diversité des besoins sociaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous mandatons la direction de notre unité à signer l’« Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’États généraux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur » (voir ici).

Motion adoptée par l’Assemblée générale du LIER-FYT le 21 janvier 2020 par 20 votes favorables et 2 abstentions, et par l’Assemblée générale des doctorant·e·s du LIER-FYT (via un vote électronique) le 22 et 23 janvier 2020 par 32 votes favorables (aucune abstention, ni vote défavorable).


 

LIER-FYT
Laboratoire interdisciplinaire
d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
Directeur: Cyril Lemieux
Directrice adjointe : Julia Christ
A629 - 54 Boulevard Raspail 75006 Paris

Tel : 33 (0) 1 49 54 20 61
Prtncipaux contacts : voir ici

 

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lier-fyt_info-request[at]ehess.fr